Soldes en mode mineur
J'avais l'illusion d'être aussi sage qu'un moine bouddhiste le jour de l'ouverture des soldes. Certes, comme j'allais chez le dentiste à 9 heures ce matin-là, l'idée m'a traversé l'esprit de me
lever aux horreurs pour faire des bonnes affaires au Monop du coin (visite de contrôle de ma dent miraculée, qui va bien merci. Avoir mal, c'est bon signe, pour le moment, on
ne touche à rien). Mes besoins étaient simples (j'avais déjà acheté une robe en
novembre, une en décembre... et deux paires de chaussures...) : je ne faisais les soldes que
pour rhabiller Petit Brun et Petit Châtain, qui manquaient cruellement de pulls et de pantalons (merci l'école, merci la récré, merci les fabriquants de petites voitures qui font que les petits
garçons passent leur vie à ras le sol. J'ai repris le chemin de la mercerie pour trouver des pièces, parce que, sinon, 50 pantalons par an, ça va pas le faire, rapport à l'empreinte carbone,
etc).
Alléchée par la perspective de préparer mon panier en ligne sur le site d'une grande enseigne "Esprit de famille", j'ai eu toutes les peines du monde à le valider le mercredi matin, comme sans
doute 50 000 autres greluches. Surtout que (et cela m'étonnait beaucoup, à l'heure du 2.0), QU'IL FALLAIT VALIDER LE PANIER DEPUIS L'ORDINATEUR OÙ L'ON AVAIT PASSE COMMANDE... donc, celui
de la maison. Tss.
Bref, évidemment, le site plantait, et je suis partie en 4e vitesse déposer Petit Châtain et encore plus rapidement sur mon vélo chez le dentiste en priant le Ciel qu'il ne m'arrive
pas une autre catastrophe dentaire. Le Ciel m'a écoutée, mais le soir, toutes les petites paires de chaussettes avaient été raflées...
Profitant de ma pause déjeuner pour prospecter en boutique, ma moisson fut maigre : un pull et un pantalon pour Petit Châtain, un pantalon pour Petit Brun : visiblement les 10 jours précédents à
- 30 % avaient vidé les rayons. Heureusement qu'on avait été faire un tour aux magasins d'usine en décembre... Je résistai vaillamment à tous les appels des multiples boutiques, trouvais que la
parka qui me faisait de l'œil depuis le mois d'octobre (pas trop mémère, avec une capuche bordée de chat, ou dans le meilleur des cas, de lapin) était insuffisamment soldée, et puis, l'hiver
était doux, finalement, ça pouvait attendre l'année prochaine... Et me félicitai de ma capacité de résistance.
De retour à la maison, je réussis enfin à valider le panier récalcitrant (moins les chaussettes, grr) et à commander un 3e pull pour Petit Châtain – et quelques paires de chaussettes
pour compenser celles qui s'étaient évanouies sur la Toile.
Je me trouvais extrêmement sage...
Sauf que. Le lendemain, petit craquage. Oh, pas grand chose, et d'utilité publique : quelques soutifs chez la Princesse (et j'ai reposé les pyjamas en rayon). Le soir, Jean-Claude Trichet (qui
n'était pas encore traumatisé par la perte du triple A, merci Standard & Poor's d'avoir préservé les soldes) m'indiqua que le compte en banque conjugal était déjà vide. "Justement, j'ai
trouvé tout ce que je voulais". (Hum, à partir du 28 janvier, c'est reparti, mon Dieu, laissez quelques trucs potables en rayon s'il vous plaît !!!)
D'autant que quelques achats pour la maison
s'imposaient : un nouvel aspirateur (du coup, Jean-Claude Trichet trouvait des lignes de crédit à débloquer instantanément pour la friteuse que le Père Noël avait laissé dans sa hotte, tiens
donc) et des poêles bio, le revêtement des nôtres étant bien abîmé, nous avions décidé de renouveler notre batterie, et tant qu'à faire, au terme d'une recherche approfondie, d'opter pour de
l'inusable, du non-toxique (soit de la fonte ou de l'inox, il n'y a pas 36 solutions). Dimanche après-midi, on tenta une incursion à Darly Peu, le grand centre commercial sis près de chez
Grand-maman et Grand-Père, qui a l'insigne avantage d'abriter un BHV. Le Capitaine (alias Jean-Claude Trichet dans ses phases de contrôle budgétaire) avait bien trouvé un site de vente en ligne de poêles bio, mais si l'on pouvait éviter de payer des frais postaux pour le transport de poêles en fonte depuis la
Bretagne (bien que lesdites poêles soient acheminées à vélo à la Poste...).
Là, déception : évidemment, les poêles écolos avaient attrapé une vilaine varicelle : celle des articles non soldés. Darly Peu était noir de monde, bien que les boutiques soient vides, ça sentait
la frite et des hommes abandonnés, patientaient dans des fauteuils pseudo-design, l'air tout à fait accablés (ils avaient appris pour le triple A, eux).
On poussa jusqu'à Habitat (trouver des cadres et un nouveau verre à dent), et nouvelle déception : aucun cadre n'était soldé et les verres à dent étaient hideux. Nous sommes rentrés
broucouilles... Bilan de la semaine : soldes en mode mineur...