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La petite maison dans la banlieue

Pour solde de tout compte (épisode 1/2)

19 Janvier 2015, 21:03pm

Publié par lapetitemaison

Pour solde de tout compte (épisode 1/2)

C'est l'histoire d'une salariée (ma pomme) qui n'arrivait plus à travailler avec son chef. Depuis son départ en congé maternité, mais pour être tout à fait honnête, ça n'avait jamais vraiment fonctionné depuis sa prise de poste, en septembre 2010. Mais elle fait des efforts, y mettant du sien, soutenant les cadences, toujours plus fortes. Un poste mal bâti (à cheval entre deux services, à coordonner des gens déjà largement sur-occupés qu'il fallait toujours solliciter en plus, donc des relations toujours un peu tendue), et un chef tantôt enjôleur, pleins de Grands Projets et de Démarrages en flèche,tantôt cruel et méprisant. Dans les phases "down", la Salariée ne savait pas s'organiser, ne travaillait jamais assez ou alors mal ("alors que tout le monde ici travaille énormément ici et personne ne se plaint"). Bref, c'était toujours de sa faute et jamais de celle de l'organisation.

En 2012, lors de l’entretien d’évaluation de la Salariée, il lui fut présenté le redémarrage des publications en ligne dont elle s'occupait, avec une véritable équipe, de véritables moyens, et même (champagne !) le recours à une agence d’infographistes : « ce sera les Cent Fleurs, vous pourrez demander tout ce que vous voulez ». Pour compléter le personnage, Chef a été dans sa prime jeunesse trotskiste. Ce qui n’apparaît plus du tout aujourd’hui (il est devenu plus libéral que Tatcher), à part ces quelques références et ce mantra qui tourne en boucle sur l’écran de veille de son poste, pendant ses longues péroraisons, lors de réunions soporifiques : « l’imagination est plus importante que l’intelligence ». Les Cent Fleurs, j’aurais dû me méfier : ça c’est quand même très mal terminé…

Pour la petite équipe dédiée au relancement des sites, cela a été pareil. En septembre 2012, je préviens que je suis enceinte et partirait en congé maternité mi-janvier pour un troisième bébé prévu pour mi-mars. En fait, ma grossesse étant beaucoup plus fatigante que prévu, je serai en poste adapté à partir de novembre. Je préviens très tôt que j’aurais besoin d’une remplaçante, pour avoir le temps de la former. Je suis sur un poste technique dont mes collègues, même si elles utilisent la même interface, ne maîtrisent pas toutes les facettes et c’est bien normal. Nous ne sommes pas interchangeables. Croyais-je. En fait, si.
Je suis arrêtée en avance, mi-décembre . Mon poste ne sera jamais remplacé. En même temps, nous apprenons que le redémarrage des sites n’est pas si spectaculaire et que finalement, un des deux sera fermé.

Pendant tout mon congé maternité, avant et après la naissance de Colombine, je suis les péripéties du bureau à distance, n’étant jamais informée par Chef directement, devant passer des coups de fil réguliers pour avoir une information « officielle » (et non pas celle de mes collègues-et-amies), et revenant même – alors que je suis déjà en congé maternité – passer un entretien d’évaluation qui tourne au règlement de compte, au sujet de l’échec du business plan (auquel je n’ai pas participé et sur lequel je n’ai aucune information précise).

Pendant que je biberonne, l’équipe est atomisée : deux changements de service, deux ruptures conventionnelles accordées du bout des lèvres après une procédure épuisante. Je n’ai aucune visibilité sur mon poste, son périmètre, la taille de mon équipe. Je n’ai aucune envie de revenir. Quand j’en parle aux délégués du personnel, ils tentent de me raisonner : trois enfants, un secteur où les bonnes nouvelles se comptent sur les doigts de la main… Je renonce à la démission et décide de revenir en 4/5e, une option jamais testée. Chef étant en télétravail (de droit divin) tous les vendredis, il ne reste qu’à cohabiter trois jours. Ça devrait le faire.

En octobre 2013, il faut bien revenir. Avec une nouvelle collègue, choisie par Chef directement et qu’il avait en vue depuis un moment. Au moment de la relance des sites, elle avait été jugée « trop chère ». La voici en place depuis fin août, et tellement contente de me voir que cela semble suspect. Il n’y a pas de raison pour que les gens changent. La première réunion de travail à huis clos (Chef, elle et moi) est un cauchemar. Il est extrêmement nerveux, cassant, agressif. Ma nouvelle collègue finira par donner sa démission avant la fin de sa période d’essai, par bravade et pour s’éviter une nouvelle humiliation. Je récupère une deuxième nouvelle collègue en décembre. Tout à recommencer, une fois encore.

Une énième crise nous oppose fin avril, sur une bête proposition d'inversion de dates de publication en mai. Nous publions toujours un gros dossier au début du mois. Sauf que le mois de mai 2014 est un véritable tunnel de ponts. Je propose donc d’inverser et de publier le dossier plus tard, pour qu’il soit mieux lu (et aussi parce qu’on aura un peu plus de temps pour caler les interviews et le préparer). Hurlements. Tempête. La crise de trop. Comme les ruptures conventionnelles ne sont jamais ou que très rarement accordées, je décide de donner ma démission début juin. Avec un mois de préavis dans notre convention collective, ce sera parfait, je serai libérée pour le début des grandes vacances. Un dîner d’amies d’école de journalisme. Qui écoutent mon projet, le soutiennent. C me dit : « tu ne vas pas partir sans rien. Appelle Maître C., une amie avocate qui m’a bien aidée ».

Mi-mai, Maître C me reçoit dans son cabinet. Je lui raconte cette même histoire. Elle m’écoute, prend note que la DRH de ma société est parfaitement au courant de mes problèmes, mais que rien ne change. N'a pas l'air de trouver que j'exagère ou que j'affabule, comme une partie des collègues de mon service. Et ne trouve pas le comportement de Chef très réglo. Me propose de rédiger un courrier où nous rappellerons tous les évènements noir sur blanc et de demander qu’une solution soit trouvée pour se séparer à l’amiable. Fin mai, j’envoie le courrier n°1…
(to be continued)

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