Au péi des merveilles/Episode 1
Demain, cela fera quinze jours déjà que nous avons atterri à Roissy, de retour de dix jours sur l'île Bourbon, parcourue grâce à un parcours optimal concocté par Ségo, compte tenu des impératifs suivants : 1, aller voter le 6 mai, 2, rendre la voiture de location puisque le Scénic avait lâché la veille de notre départ de métropole... Tout en ayant un rythme soutenable pour une petite fille de 5 mois et demi, car Marie-Vanille était de la partie. Nous ne sommes pas allés à Mafate, voilà une excuse en or pour revenir, cette fois avec Petit Brun et Petit Châtain, trop déçus de ne pas faire partie du voyage. Mais budget serré et flemme totale devant la perspective de 22 heures d'avion aller-retour avec eux nous ont fait renoncer, en auraient-ils d'ailleurs vraiment profité ? Pour être allée une première fois à La Réunion à 7 ans et ne me souvenir que d'une route qui tournait beaucoup et de l'odeur de vanille qui embaumait la voiture et nous donnait mal au cœur… J'avais quelques doutes.
Au risque de faire un billet beaucoup (beaucoup) trop long, j'ai décidé de le feuilletonner, histoire de le rendre plus digeste.
Le premier jour, légèrement décalqués par notre voyage interminable, nous nous sommes reposés. On était partis la veille à 15 h de Lorient, pour rejoindre Orly en avion, y poireauter
quatre heures (nous avons visité l'aéroport de fond en comble, on est même montés sur les terrasses, mais il faisait très très très froid, on ne s'est pas attardés) et finalement, on a embarqué.
Pour une fois, lors des réservations, nous avons eu de la chance : comme nous n'arrivions pas à réserver un plateau sans sel pour mes repas, le Capitaine finit par appeler la compagnie
directement. On nous trouva des places à l'étage du boeing (donc beaucoup moins bruyant) et DEVANT les issues de secours. Le meilleur plan pour voyager en classe éco !
Après que Ségo a récupéré la Polo de location (et nous la voiture prêtée gracieusement par Jérémie, un marin, qui nous prêtait aussi son logis, mille mercis !), direction La Possession pour
déjeuner, aller à la plage (qui nous a paru au bout du monde, alors qu'en fait, non) à La Saline, regarder le coucher de soleil en attendant Ségo partie faire un plein au supermarché et prendre
un pot de nuit (servi par un Marseillais qui paraissait très exotique d'un coup), avant de rentrer enfin se coucher.
Du coup, le lendemain, par un effet de mauvaise
synchronisation du téléphone du Capitaine, le réveil ne sonna pas... D'où un lever en catastrophe et un bouclage de notre petit sac en cinq minutes (ce qui fait que, bien évidemment, je me suis
aperçue le soir que j'avais oublié ma brosse à dent, mes médicaments... chez Jérémie).
En ce 1er mai, jour férié, jour fêté, "je vous appelle pour vous souhaiter une bonne fête à tous", a-t-on entendu toute la journée sur Radio Freedom, nous avons pris la route du Sud sauvage. Avec
un biberon à Port Langevin, puis le pique-nique à Cap Méchant (où nous avions bien failli ne pas nous garer). Car le sport national de jour férié, à La Réunion, c'est le pique-nique. Pas le
pique-nique de pauvre comme nous, avec trois trucs sortis du sac. Non, le vrai, sous un kiosque, avec glacières, barbecues, et feu pour préparer un carri.
Cap Méchant a des airs de côte bretonne, sauf que ce n'est
pas du granit, mais de la lave. Normal, sur une île volcanique, avec un Piton de la Fournaise toujours en activité, même s'il ne s'est pas manifesté depuis décembre 2010. Sur la route du
Sud, nous allons croiser les différentes coulées de lave au Grand brûlé, une zone carrément inhabitée, dans laquelle les coulées de lave coulent jusqu'à la mer lors de chaque éruption.
La dernière vraiment impressionnante date de 2007... Juste au bord de la nationale 2, des fumerolles attestent de la chaleur qui se dégage encore de la pierre. Evidemment, il s'est mis
à pleuvoir, plus on se rapprochait du volcan. C'est assez dérangeant de sentir la chaleur de la terre aussi longtemps après. Comme si de rien n'était, des plantes poussent ça et là... Vert et
noir, bleu de la mer, les couleurs de l'île. Nous avons évidemment fait un stop à Notre-Dame des laves, église miraculeusement épargnée lors de l'éruption de 1977. Aujourd'hui, l'église est en
contrebas de la route, son entrée dégagée du basalte. C'est aujourd'hui un lieu de pèlerinage, depuis que la Vierge au parasol, qui elle aussi, a survécu maintes fois aux coulées de lave, a été
installée non loin (mais nous sommes passés trop vite devant, une raison de plus pour revenir !)
Après ce premier contact avec le Piton, dernier arrêt sur la côte pour le biberon-goûter de Marie-Alice, à l'anse des Cascades.
Nous avons failli repartir avec ce petit chien, baptisé Opié. Sur l'île, les chiens et chats sans maître sont très nombreux, et celui-là ne nous lâchait plus... L'Anse des Cascades est un lieu parfait pour pique-niquer, et mon choix iconographique est totalement mensonger, car l'endroit est loin d'être désert et abrite des barques de pêcheurs. Il était temps de reprendre la vaillante Polo, pour grimper jusqu'à Salazie, et Hell-Bourg !