Au péi des merveilles/Episode 2
Hell-Bourg, au fond du cirque de Salazie mérite vraiment le détour. Ceux qui n'ont pas poussé la route plus loin que Salazie même sont passés à côté d'un adorable village créole, que nous avons
découvert sous un fin crachin breton. Mais comme le soulignait notre guide, sans pluie, pas de cascades, pas de pisse-en-l'air, pas de végétation luxuriante. Et en la matière, nous avons vraiment
été servis !
Après une nuit « Chez Alice », maison d'hôtes et très bon restaurant où nous avons dégusté notre premier carri et boucanier rougaï, servi comme il se doit avec les graines et le riz traditionnel
dans plusieurs marmites, nous avons fait un stop matinal à la pharmacie (puisque j'avais oublié mon médoc contre la tension et ma brosse à dents chez Jérémie, très malin, ainsi que le schampoing
en métropole, très très malin). Par chance, celle-ci acceptait notre caisse de Sécu métropolitaine (j'ai omis de demander lesquelles étaient mauvaises payeuses), et j'ai poliment refusé un
schampoing pour lisser les cheveux ondulés, parce que, comment dire, je pleure de joie quand mes baguettes de tambour daignent onduler un peu... Puis nous sommes allés visiter la maison Folio,
une case créole traditionnelle, toujours habitée à l'année par ses propriétaires nonagénaires. Isabelle, la guide, nous a permis de découvrir à la fois l'histoire de l'île, sa flore, en
découvrant les trésors du jardin, sa faune aux noms... imagés ainsi que ses traditions culinaires, et l'histoire du village lui-même, ancienne station thermale portée par la vogue du « changement
d'air ». Quand l'air devenait irrespirable à Saint-Denis, les bourgeois montaient se refaire une santé dans les maisons de changement d'air et faire une cure aux eaux de Hell-Bourg. Celles-ci
déclinèrent avec l'essor des thermes de Cilaos et le cyclone tropical de 1948 met un terme définitif à l'aventure thermale. Aujourd'hui, le site des anciens thermes est accessible par un sentier,
au milieu de bambous gigantesques. Encore sous le charme, nous sommes partis en prenant la rue principale en sens interdit... Avant de repartir dans le bon sens... rejoindre la côte et la
distillerie de Bois Rouge (Savanna) !
Petit Hellbourama :
Il faut aller plus loin que le village de Salazie pour découvrir Hell-Bourg et ses maisons colorées, restaurées et conservées avec soin (et le soutien de la Région, de l'Etat et de l'Europe).
Notre coup de cœur : la maison Folio. Petit aperçu
du jardin et de la maison...
Oui, c'était un matin pluvieux et humide...
Le salon de la maison Folio (dont je n'ai donc aucune vue extérieure... J'ai un peu lutté pour n'avoir aucun visiteur dessus...)
Petite balade dans les rues du village, jusqu'au cimetière. En admirant la palette de couleurs des murs, portees et fenêtres, volets, toits...
Une maison protégée du mauvais œil grâce à l'étoile et à la roue au centre.
En passant...
Le bleu électrique des liserons (et j'ai oublié de prendre en photo les capucines qui poussaient comme du chiendent...). La Réunion, c'est à la fois le bonheur du jardinier (tout pousse, tout est
luxuriant, coloré) et la frustation TOTALE (ici les orchidées poussent sur les arbres le long de la route, tu m'étonnes qu'elles y trouvent toute l'humidité et la poussière nécessaire...). On
revient avec des rêves de capucines, de bananiers (que le Capitaine envisageait très sérieusement de planter dans notre jardin), les poinsettias à Noël me paraîtront à tout jamais chétifs et
rabougris en métropole, puisqu'ici, ce sont des ARBRES. Et non de fragiles plantes en pot (spéciale dédicace à une lectrice qui se reconnaîtra).
Le cimetière de Hell-Bourg, si fleuri qu'il a contribué à l'obtention du label de "Plus beau village de France" n'est qu'une marée de fleurs. A vous réconcilier avec l'idée d'une réincarnation
jardinière.
Je veux bien être un gros bégonia !
Le charme de l'ex-hôtel de la station thermale, à l'abandon et muré...
Un très joli guetali, petit kiosque où l'on s'installait pour regarder les gens passer, et faire des ladilafés (cancans, commérages), un mot aussitôt adopté avec Ségo...
Cette statue m'a fait penser à une danseuse de flamenco. En fait, c'est « l'Ame de la France », rien de moins. Oups. Cible de la dynamite du curé qui la trouvait trop dénudée, puis arrachée à son
socle par un cyclone tropical, elle retrouvée par hasard et remise en place avec tous les honneurs en 1968, avant d'être classée, histoire de conjurer le sort... Et toujours le poing levé.
On a profité d'une pause biberon pour tenter d'apercevoir entre les nuages le panorama du cirque... Voilà le meilleur résultat auquel nous ayons abouti !
Et quand même, LA star du cirque de Salazie : le Voile de la Mariée, une très très longue cascade...
NB : on peut faire de nombreuses balades dans le cirque, notamment au départ de Hell-Bourg. Etant donné notre programme serré et la présence d'une mini-baroudeuse de 5 mois et demi, la portion randonnée a été abrégée...