Sept ans

Ce week-end, on aurait fêté les anniversaires de Colombine - pile le jour J - et de Nimbus, pratiquement un mois après. Et dimanche, les amies de Colombine seraient venues faire la fête, on aurait mis une pinata dans le figuier, et ensuite, on aurait terminé la valise pour la classe verte à La Rochelle, départ aux horreurs de l'aube lundi de Montparnasse (et donc logiquement, j'aurais dû être en train de coudre frénétiquement des étiquettes sur ses affaires parce que bien entendu, je m'y serais prise au dernier moment). 

Alors samedi, elle est venue se glisser dans notre lit pour un gros câlin "vous ne m'avez pas souhaité joyeux anniversaire" (c'est-à-dire que l'on dormait encore), elle pour qui nous pouvons compter sur les doigts d'une main les fois où elle est venue dormir avec nous. Nous avons fait un atelier tresse (et je n'aurais pas assez du confinement pour gagner en motricité fine à ce niveau), le Capitaine est parti en mission ravitaillement pour le menu du déjeuner, choisi par la reine du jour : saucisse purée, et gâteau au chocolat décoré par ses soins de pâte d'amande. Autant dire qu'avec les défis lancés par Akéla au louveteau, nous frisons la crise de foie niveau gâteau au chocolat. 

Quand l'annonce du confinement est tombée dimanche dernier, le Capitaine m'avait demandé : "mais tu as des cadeaux de prévu pour samedi, toi ?" Nous n'avions pas encore trouvé une idée de cadeau de notre part, ma proposition de réadopter un chat ayant été refusée net. Et hors de question que ses frères aillent en mission cadeau au Monop cette semaine. Heureusement, j'avais tout juste fini une chemise de nuit pour Colombine la semaine dernière à la couture, et j'avais deux livres qui feraient deux petits cadeaux complémentaires (dont un qui lui plairait beaucoup puisqu'elle l'avait chipé dans ma réserve et planqué dans son placard en janvier). 

Vendredi soir, pendant qu'elle confectionnait son gâteau d'anniversaire, nous étions planqués en atelier cadeau avec ses frères. Cela sert d'emmagasiner des bouquins, des coupons "au cas où". Nous avons eu de quoi lui fabriquer un éventail (carton, feuille de papier imprimé, bambou et scotch), et un cintre en bois rembourré du coton d'un vieil oreiller et recouvert de Liberty, s'il vous plaît. Elle a été très contente de ses cadeaux, et des nombreux coups de fil, face time, sms (dont certains envoyés par des amies de l'école) reçus. 

Et je me rappelais qu'il y a sept ans, j'avais déjà terminé de l'attendre dans un semi-confinement tellement les nausées me clouaient au lit et la fatigue me terrassait, puis que sa première semaine de vie terrestre s'était ensuite passée dans le cocon doux mais retiré du service de néonatalité de la maternité, où les visites étaient réduites et où l'on approchait Colombine que masqué, en chausses et robe de bloc dans son petit box. Commencer sa huitième année enfermée à la maison n'était vraiment pas la manière dont je m'imaginais fêter cet anniversaire. L'âge de raison, célébré dans un ambiance  beaucoup trop sérieuse.