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La petite maison dans la banlieue

24 heures aux Enfants malades

10 Septembre 2014, 19:04pm

Publié par lapetitemaison

24 heures aux Enfants malades

Depuis jeudi dernier, la paupière gauche de Petit Brun était enflée. Peut-être une piqûre d'araignée ? Un coup de pied mal placé de son frère ? Lors de la consultation médicale (pour la gastro qui était repartie de plus belle), le médecin examina bien l'œil : pas de conjonctivite, mais une pommade ophtalmique pour faire dégonfler la paupière.

Vendredi, samedi, dimanche... La paupière ne cessait d'enfler et l'œil de Petit Brun de diminuer. Je n'étais pas très tranquille, que faire, à part attendre lundi d'aller voir un ophtalmo ? Petit Brun se plaignant de douleurs à l'œil, on finit par appeler SOS Médecins à 20 heures.

L'urgentiste de garde (un hipster barbu en chemise à carreaux) arriva à 22 heures, comme annoncé au standard, "il arrivera dans les deux heures". Petit Brun entretemps s'était endormi. Ce n'était pas une conjonctivite mais une ethmoïdite (pour faire court, une infection d'un sinus placé derrière l'ethmoïde, os situé derrière le nez, entre les orbites. D'où le gonflement de la paupière).

Pour plus de sûreté, il fallait voir un ORL le lendemain (l'occasion de découvrir que celui que nous avions consulté une fois en centre-ville avait pris sa retraite)... et commencer tout de suite la prise d'antibiotiques, le Capitaine allant à la pharmacie 24/24 la plus proche, aux portes de la capitale.

24 heures aux Enfants malades
24 heures aux Enfants malades

Le lendemain, Petit Brun ne pouvait plus ouvrir l'œil gauche et avait l'air aussi dynamique qu'un boxeur vaincu par K.O. Je réussis à obtenir un rendez-vous à... 14 h 45, le cabinet étant fermé le lundi matin. A 14 heures, il fallut réveiller et habiller Petit Brun qui s'était endormi, et marcher sous un soleil de plomb.

La secrétaire de l'ORL nous toisa quand elle vit l'œil de Petit Brun : "s'il a mal à l'œil, il doit voir un ophtalmo !" Ben non, justement... Après la lecture d'un "J'aime lire" particulièrement anxiogène en salle d'attente (sur un petit garçon atteint d'une leucémie), le diagnostic fut confirmé. Pour déterminer la gravité de l'ethmoïdite, il fallait que Petit Brun passe un scanner. L'hôpital de notre ville ne disposant pas de l'équipement nécessaire, l'ORL nous envoya aux Enfants Malades aux urgences ORL.

Terrorisé par la lecture du "J'aime lire", Petit Brun commença à pleurnicher à l'idée de passer un scanner. Je lui proposai une expédition au Monop, histoire de trouver de nouveaux livres à lire (surtout pour moi) et des Kinder moineaux et des Dragibus©. Puis un passage rapide à la maison (pour prendre Nounours, un pyjama et le chargeur de mon téléphone qui commençait à décéder), avant de rejoindre l'hôpital en transport en commun. Pas la peine de prendre le minibus et de laisser une fortune en parc-mètre...

24 heures aux Enfants malades

Comme indiqué par l'ORL, c'est aux urgences ORL qu'il fallait aller. La dame des admissions habitait dans la même banlieue que nous et tint à porter elle-même notre dossier au bureau 243. A peine le temps de lire un quart d'"Astérix gladiateur" et la consultation commença. Seul le scanner pouvait déterminer s'il fallait une opération pour drainer le pus si d'aventure celui-ci avait touché l'œil.

Qui dit scanner, dit pose de cathéter pour injecter le produit permettant de "colorier" le scan. Et si - dénouement heureux – Petit Brun n'écopait que d'un traitement par intraveineuse, "IV", il fallait de toute façon un cathéter pour injecter le produit.

Je me souvenais de la pose du cathéter à Colombine en néonat... Elle n'avait pas bronché. Là, alors Petit Brun commençait à paniquer, les infirmières sont arrivées avec l'arme fatale : le gaz hilarant. Une fois sous masque, on n'entendait plus que les rires aux éclats de Petit Brun, qui s'arrêta très vite en découvrant sa main droite entièrement bandée.

Pas même le temps d'attendre au scanner. Petit Brun a été impressionné par la taille de l'appareil, j'avais oublié le poids du tablier anti-radiation, et une demi-heure après l'examen, le résultat tomba : on échappait au bloc opératoire et Petit Brun écopait "juste" de 24 heures d'intraveineuse.

Le traitement commença dès que Petit Brun fut allongé sur son lit, dans une chambre lumineuse, équipée d'un fauteuil lit pliant au design très basique mais qui se révèlera extrêmement confortable : une certaine marque de mobilier au logo jaune et bleu pourrait s'en inspirer...

Le Capitaine passa nous voir vers 20 h 30, notamment pour m'apporter une sorte de dîner (je pouvais rester dormir mais n'étais pas comprise dans les repas puisque Petit Brun avait été admis dans le service après 17 heures... Et la caféteria avait fermé à 18 h 50), un pyjama, ma trousse de toilette (que, par superstition et pour voyager léger, je n'avais pas pris).

C'est après le départ de son père que Petit Brun fit une crise d'angoisse (et de fatigue) : impossible de s'endormir sans son pouce droit (et je n'y avais même pas pensé au moment de la prise de sang, le bras droit ayant été choisi pour sa veine "belle comme un boulevard"), j'ai maaaaaaaaaaaal à la main, pouvait-il y avoir des voleurs dans l'hôpital ? (on m'avait dix fois depuis notre arrivée de faire attention à nos affaires personnelles, de rien laisser de précieux dans al chambre) C'était quoi, tous ces bruits ? Je veux rentrer à la maison/Je veux Papa/Petit Châtain/Colombine, je veux dormir avec toi (ce qui est strictement interdit)

Nous allions (enfin) tomber dans les bras de Morphée quand une armoire à glace d'infirmier entra dans la chambre. "Vous avez appelé ?" (dans la panique, Petit Brun avait dû presser sans le vouloir le bouton rouge). Ben non, mais peut-être que si... Petit Brun se prit une soufflante parce qu'il tenait mal sa main et que le sang refluait dans le cathéter. Sur la menace d'une pose d'une autre perfusion s'il ne faisait pas des mouvements de temps à autre, le cerbère sortit.

Nous venions tout juste de nous endormir que l'équipe de nuit arriva... J'ai cru voir un changement de poubelle vers 3 h du matin ?!? et une nouvelle salve de médicaments qui ne réveilla pas Petit Brun.

A 7 h 40 je me réveillai en sursaut : il était bien spécifié que l'accompagnant devait être habillé, le lit replié pour la visite des médecins à 7 h 30. Evidemment ceux-ci passèrent pile au moment où j'étais allée chercher un café... Mais tout allait bien, Petit Brun pouvait ouvrir son œil, on sortirait le soir même.

24 heures aux Enfants malades
24 heures aux Enfants malades

Vers 10 h du matin, nous avions lu tous les livres apportés, joué avec les trois personnages de Legocity Starwars et téléchargé péniblement un ou deux extraits d'Alice au pays des Merveilles. C'est alors que Céline, l'éducatrice responsable de la salle de jeu du service, nous proposa de la rejoindre.

C'est là que nous avons passé toute la matinée, à jouer au circuit de train, aux legos, à Uno,au jeu des ouistitis (une sorte de mikado), à voir passer les clowns du Rire médecin (mais Petit Brun ne voulut pas assister à leur concert dans le couloir) et les bénévoles de Main dans la main et les blouses roses. Je ne sais pas si Petit Brun s'est rendu compte de la gravité de l'état de santé des autres enfants, qui sortaient ou allaient entrer au bloc opératoire, des poupées de trois ans en corset et mentonnière qui allaient être opérées pour la deuxième fois de la moëlle épinière, du petit garçon chauve qui devait combattre un cancer...

A midi, il fallut regagner la chambre pour le déjeuner, où nous avons eu la visite de Lémence, qui m'avait apporté un bagel et SURTOUT du Coca, il fallait bien ça pour enchaîner sur une après-midi de jeux (merci les Pièces jaunes !). Petit Brun était quasiment le seul petit patient à pouvoir en profiter, les autres étant au bloc ou en salle de réveil.

Je n'ai jamais autant joué de ma vie : mistigri, qui est-ce ?, Rêve de pirates, Sardines (une sorte de mémory), avec interruption pour la visite du professeur (qui a duré deux minutes "ça a bien dégonflé, hein ? Une petite ethmoïdite"). A 17 h 30, après une dernière partie de Blocus, Céline nous a raccompagné en "perfsurf" : la salle de jeux fermait et la dernière intraveineuse faite, nous pouvions regagner la maison. Peut-être qu'on la croisera dans notre banlieue, puisqu'elle aussi habite là, comme beaucoup de personnes qui travaillaent aux Enfants malades, nous a-t-elle dit. Encore huit jours d'antibiotiques et une "semaine blanche" d'école...

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