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La petite maison dans la banlieue

Le jour le plus long

1 Avril 2013, 19:04pm

Publié par lapetitemaison

NaissanceNon, je n'ai pas été retenue en otage à la maternité, mais nous ne sommes rentrées à la maison que jeudi dernier. Pourquoi ? Il va falloir se taper deux billets pour le découvrir...
Oui, Colombine s'est pointée avec trois jours de retard... comme Petit Brun, l'échographe avait vu juste. Sauf que, cette fois, malgré le protocole d'huiles essentielles dûment suivi depuis le jeudi précédent, je n'ai pas coupé au déclenchement, même si en ce 19 mars, c'était le rush en salles de naissance : tous les bébés prévus pour le week-end avaient décidé de décaler leur arrivée, provoquant un petit embouteillage... Mais quand j'ai appelé à 20 heures pour savoir si on devait vraiment venir, on m'a répondu qu'on était bien attendues. Zut.

19 mars, 20 h 15 : tous les voisins se sont donnés le mot pour sortir ou rentrer chez eux EN MEME TEMPS.
19 mars, 21 heures : on est coincés sur le périph, je ne comprends pas pourquoi le Capitaine a pris cet itinéraire, j'aurais coupé par le 16e, pour foncer tout schuss sur le 15e par le pont de Javel. L'ambiance est un poil tendue dans le minibus.
19 mars, 21 h 16 : on est arrivés à destination, et en plus, on trouve une place pour se garer à deux pas de la maternité. Je prends ça pour un bon présage.
19 mars, 22 heures : après un premier monitoring, pose du tampon qui est censé déclencher les contractions. Etant donné que cela peut mettre 24 heures à agir, il est décidé que le Capitaine reparte dormir à la maison. Après deux heures sans bouger, j'ai - wouah ! - le droit de me lever, d'aller aux toilettes, et on me promet même une douche demain matin. J'ai même droit à une couverture pour la nuit - la fatigue me rend frileuse. Gros changement par rapport à la naissance de Petit Brun : il y a la télé en salle de pré-travail. Et je ne mesure pas encore combien ça va être important demain...
20 mars, 1 heure du mat : alors que je m'endormais gentiment, apparition d'Anne, la sage-femme : ma carte de groupe sanguin est pas du tout aux normes (elle est établie à mon nom d'épouse, et pas à mon nom de jeune fille comme il le faut maintenant. Je m'interroge sur l'intérêt de ce nom d'épouse qui sert jamais à rien avec l'administration. Passons). Bref, j'ai droit à une prise de sang afin d'en réétablir une sur-le-champ, afin que l'EFS (établissement français du sang) veuille bien me donner un peu d'hémoglobine si nécessaire lors de l'accouchement. Moi qui adore tout ce qui a trait aux aiguilles et aux seringues, me voilà servie.
20 mars, 6 h 45 : je suis dans la salle de pré-travail la plus proche de la porte d'entrée de l'étage des naissances. Autant dire que je capte toutes les conversations (les parturientes qui arrivent, les pères qui passent les premiers coups de fil : "il a beaucoup de cheveux, de grandes mains, il est très mignon", les blagues des sages-femmes "qui veut du placenta grillé ?"). Là, c'est une parturiente qui explique qu'elle a des contractions très douloureuses depuis deux heures. Et là, connection dans mon cerveau embrumé : je DORS donc je ne sens AUCUNE contraction. Depuis six heures. MonDieucestpaspossible. Si, si. Je suis désespérée.
20 mars, 8 heures : le Capitaine appelle pour savoir s'il doit venir. Je suis immobilisée pour un monitoring, le premier d'une longue série. Colombine a l'air de faire la sieste, donc le monitoring est prolongé, je dois rester sur le côté gauche histoire de la stimuler un peu. Je me concentre sur la perspective 1 d'aller aux toilettes, 2 de prendre un petit dej, 3 de prendre une douche. Il n'y a rien à la télé le matin, et le seul intérêt que je trouve aux chaînes d'info, c'est que le temps défile en haut de l'écran. Je chatte avec Clémence via Facebook, en Australie c'est la nuit.
20 mars, 9 h 15 : les contractions sont un peu plus douloureuses, peut-être que les choses sont en train de démarrer ? Je m'endors devant les Maternelles en attendant le petit-déjeuner.
20 mars, 10 h 15 : l'aide-soignante arrive avec le meilleur petit-déjeuner du monde, elle m'avait oubliée. Je mange le plus lentement possible les deux biscottes et bois le thé comme si c'était de l'hydromel. Pas trop vite, surtout !
20 mars, 10 h 20 : le Capitaine arrive à point pour aller me récupérer dans mon gros sac mon Trandate (pour la tension) une serviette et ma trousse de toilette, j'ai le droit d'utiliser la douche du service (qui ne ferme pas à clé, chouette). Déception : 12 heures plus tard, rien n'a bougé... Le Capitaine repart au bureau pour la journée, cela ne sert à rien qu'il reste. Consolation : je gagne un déjeuner. On décide du protocole suivant avec Marine, la sage-femme de jour : on regarde ce que ça donne dans la journée et si rien ne se passe ce soir, demain on passe à la perfusion d'ocytocine... Beuh. Sans péridurale, je ne l'envisage même pas.
20 mars, 13 h 30 : Apparition du docteur R, mon gynéco. Qui remet le tampon en place correctement et force le col, ce qu'aucune sage-femme n'a fait jusqu'à présent. C'est très désagréable, mais les contractions deviennent plus régulières et fortes.
20 mars, 16 heures : nouveau monitoring, nouvel examen, particulièrement douloureux, mais le col est ouvert à 2-3. Marine me propose la péridurale, mais je préfère attendre l'arrivée du Capitaine, prévue pour 20 heures. En marchant pour ne pas être complètement ankylosée à force de rester allongée, les contractions sont encore supportables.
20 mars, 20 heures : arrivée du Capitaine. J'ai le droit à un dîner, que je ne laisse pas passer. Le Capitaine termine son sandwich entamé dans le train. Pour la première fois depuis 1 000 ans, on est devant la télé pour les Guignols de l'info (très difficile de rire en ayant des contractions). Puis ensuite, passage en salle de travail, pour la pose de la péridurale. Parce que, comme à chaque fois, il va falloir un peu d'aide pour que les contractions soient réellement efficaces. En fait, cela attendra 21 h 30, le temps de poser la perfusion d'eau salée (miam), brancher le monitoring, le tensiomètre... Et je ne suis pas la seule à attendre l'anesthésiste.
20 mars, 22 heures : la pose de la péridurale est un peu douloureuse, les contractions sont rapprochées, du coup j'ai du mal à me détendre, ha ha ha. Je tremble comme une feuille après le passage du produit, même avec des chaussettes aux pieds.
20 mars, 23 h 30 : rien de nouveau sous la lune. Florence, la sage-femme qui nous accompagne ce soir, décide de percer la poche des eaux pour faire descendre Colombine (qui, après vérification écho, est bien placée, mais très haut). J'ai droit aussi à une vidange de la vessie par sonde. Joie, en plus j'ai bu tout l'après-midi. Petit bémol de Florence : si le bébé ne descend pas, c'est la césarienne. Chouette.
21 mars, minuit : des cris épouvantables se font entendre de la salle d'accouchement d'à côté, où officie également le docteur R. Nous ricanons nerveusement avec le Capitaine : c'est juste pas humain d'entendre ça... De notre côté, Colombine a compris ce qu'on attendait d'elle et les choses s'accélèrent. Enfin.
21 mars, 1 h 30 : fini de rigoler, en quelques poussées désordonnées (je prend mal mes respirations, je suis épuisée), Colombine pointe le bout de son nez à 1 h 35.

Le Capitaine coupe le cordon, j'ai Colombine ce qui me semble être 30 secondes dans les bras avant qu'elle ne soit embarquée par le pédiatre pour les premiers examens, et là, c'est la bousculade, je sens que quelque chose ne se passe pas comme prévu. Colombine a bu la tasse en sortant et le pédiatre met du temps – trop de temps me semble-t-il – à l'examiner. Il finit par l'embarquer dans la salle de réanimation pédiatrique. De mon côté, comme lors de la naissance de Petit Châtain, pas d'expulsion normale du placenta. Du coup, j'ai droit à une révision utérine. Là, le Capitaine – mais je ne m'en suis pas rendue compte sur le coup – a failli tourner de l'œil et est sorti de la salle (je croyais qu'il allait voir ce qui se passait pour Colombine). Petite innovation 2013 : un début d'hémorragie, qui enclenche un plan Orsec. En 30 secondes, l'anesthésiste, une deuxième sage-femme, l'infirmière qui m'avait posé la première perf, sans compter le docteur R et Florence, ont rappliqué. J'ai droit à une deuxième perf à la main gauche, en tout  il y a cinq poches qui me coulent dans les veines, j'ai un deuxième tensiomètre posé à la cheville droite, on me pince même trois fois un gros orteil pour un test sanguin... Je ne regarde même plus le plafond parce que la scène s'y reflète et que c'est un peu le massacre...

Finalement, ce n'était pas si grave, sauf qu'on est restés cinq heures en observation en salle de travail avant que l'on nous remonte dans notre chambre. Je ne peux pas prendre Colombine dans mes bras à cause de mes deux perfusions. C'est le Capitaine qui lui donne son premier biberon et je ne peux même pas immortaliser ce moment, tellement mes mains me font mal. Elle n'est toujours pas habillée – avec ses 3 kilos 700, elle va exploser dans la mignonne petite tenue de naissance que j'avais prévue – et nous n'avons pu faire aucune photo de naissance...
Sans compter que nous tombons tous de sommeil.
Enfin Colombine est habillée par Florence, le monitoring est débranché, on fait deux trois photos, je m'aperçois qu'elle a des plaies sur les mains – elle s'est mangé le dos de la main in utero, si, si c'est possible – et le Capitaine part à 5 heures pour prendre le premier train et revenir à la maison dormir un peu.
Comme je ne peux toujours pas prendre Colombine dans mes bras, et qu'elle est complètement réveillée, elle, elle part bientôt se promener dans les bras des sage-femmes, avec un deuxième biberon à 6 heures... Quand l'appétit va, tout va ! Moi, je meurs de faim et de soif (les bouffées de spray d'eau minérale, c'est quand même pas ça) depuis 2 h 30 et je m'accroche à l'idée du petit déjeuner vers 7h 30. Ou 7 h 45 au pire.
À 7 heures, Marine, la sage-femme de jour de la veille, vient nous voir et admirer Colombine... Et on monte enfin dans notre chambre. On vient tout juste d'entamer nos huit jours à la maternité, en plus des 36 heures à l'étage des naissances...

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A
Bienvenue Colombine !!!!! et bien dis donc, épique cette arrivée..... bises, Maxence et Amélie
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L
Garde tout ça bien précieusement pour Colombine, elle sera contente de l'entendre un jour! (évidemment il vaudra mieux sauter certains passages avant qu'elle soit elle-même confrontée à la dure<br /> réalité de la salle d'accouchement! #brigadedesnurses)
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