Soirée sur canapé
Tout ça, c'est un peu la faute de Petit Châtain, si ce soir, comme depuis un mois, le monde peut s'écrouler à partir
de 21 heures. Au grand dam de ma jeune belle-soeur – la femme de mon frère, car j'ai tout plein de belles-soeurs, happy me, j'en connais qui pleurent de n'en avoir pas même
une —, je vais regarder EN DIRECT mon feuilleton (oui, je suis née au siècle dernier, ça laisse des traces).
Je m'explique. Il y a presque trois ans, alors que j'entamais mes vacances congé maternité avec les félicitations du jury chef pour ne pas avoir pris de congé pathologique (mais il n'y avait aucune raison, j'étais en pleine forme), je suis allée passer une journée à Lille
chez ma copine Vio, qui travaillait alors aux 4/5e et passait le mercredi avec son fiston. Bien évidemment, je me suis fait griller dès le départ du train par ma mère : "mais
où es-tu ?" alors que les portes du train se fermaient "biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip" et que la Voix chantait : "ce train est direct jusqu'à Lille Europe". Et j'ai passé une excellente
journée de Magic maman, à faire la-gare-l'appartement-une-balade-dans-le-quartier-l'appartement-la-gare. Sauf que deux jours après, Gynéco chéri m'annonçait que 1, le col était ouvert (il
restait 4 semaines à tirer) et 2, qu'il se barrait en vacances, un week-end de quatre jours, autour du 20 février... "mais rassurez-vous, en cas de problèmes, le docteur H prendra
le relais". C'était un problème. En soi, ces vacances. Comment pouvait-il m'abandonner ? Au docteur H, en plus ? Celui qui avait fait naître ma sœur, mon frère, ma cousine ??? Même pas
en rêve il s'approcherait de moi, celui-là.
En cours de préparation à l'accouchement, une sage-femme avait suggéré que l'on pouvait dealer des trucs avec le bébé. Dans le doute, j'entamais une négociation avec Petit Châtain : interdiction
de pointer le bout de son nez pendant les congés du gynéco, mais à partir du 24 février, c'était quand il voulait. En attendant, je terminais en 4e vitesse la valise de
naissance et ma propre valise, et je m'installais sur mon lit, telle une baleine échouée, avec le formidable prêt, cadeau, de Vio : les DVD des six premières saisons de Grey's Anatomy,
une série que j'avais découvert bien après le reste du monde. Parce que moi, les trucs qui se passent à l'hôpital, les opérations qui pissent le sang... bof, bof. Urgences m'avait
toujours fait bailler d'ennui. Sauf que là, je suis devenue accro : les opérations, les intrigues entre les chirurgiens, même la ville de Seattle, j'y aurais bien fait un tour (même s'il y pleut
beaucoup). A tel point que je me demandais si les premiers mots de Petit Châtain pourraient être "clamp" et "crap" (les deux mots qui me semblent les plus utilisés en VO...)
Je ne sais si c'est ce visionnage de six saisons en trois semaines ou Petit Châtain qui avait été très coopératif sur ce coup-là, mais il est bien arrivé 48 heures après le retour de vacances de mon gynéco. Et le Seattle Grace Hospital reste mon havre du mercredi soir, quand la Free box veut bien marcher (la semaine passée, elle avait froid. J'ai fini par regarder les épisodes en DIRECT sur internet, vive la technologie). Accro, je vous dis. En plus, ce soir, c'est les derniers...