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La petite maison dans la banlieue

Le prix de la famille Ricoré

23 Janvier 2012, 22:23pm

Publié par lapetitemaisondanslabanlieue.over-blog.com

petitdej.jpgCe matin, pas d'enfants à tirer avec une grue du lit. Ou qui ne veulent descendre que dans les bras de leur père, les deux en même temps de préférence. Pas de bol de lait de riz renversé, ni de batailles pour les boîtes en fer ni même pour avoir un verre de jus de pomme en rab. Pas de pleurs incontrôlés parce que l'un a été servi avant l'autre. Premier miracle : on pouvait presque écouter NORMALEMENT le journal de France Inter (je ne suis pas vraiment réveillée avant d'avoir repris contact avec le reste du monde ET bu mon thé. ET mangé aussi. Bien que certains matins, je fasse l'impasse et soit obligée de prendre une pépite au chocolat en bas du bureau).
Petit Brun, qui avait déjà terminé son petit déjeuner quand je suis descendue (car 1, je suis incapable de me lever avant eux sauf absence du Capitaine, 2, je fais les lits et vérifie les tenues de ces messieurs – le Capitaine s'étant déjà habillé tout seul, tout de même –, 3, j'essaye de présenter une figure à peu près humaine pour mes semblables pour le restant de la journée), a demandé à sortir de table et a enlevé sa serviette avant de monter dans sa chambre. Je n'y avais pas vraiment prêté attention, jusqu'à ce que le Capitaine interrompe mon écoute distraite de la radio pour me dire : "Mais... Petit Brun joue TOUT SEUL ?"
Après 4 ans et demi, il s'avère que Petit Brun est effectivement capable de jouer tout seul. Pendant au moins un quart d'heure. Ce qui tient du miracle pour un enfant qui, jusque là, avait besoin d'un adulte pour jouer avec lui ou au moins de le regarder jouer...

Ce deuxième miracle nous a permis de déjeuner tranquille, dans un tête-à-tête bien rare avec Petit Châtain (dont on a cru un instant qu'il était malade parce qu'il ne finissait pas ses céréales carrées ni ne pipait mot. En fait, Petit Châtain reprend un petit-déjeuner chez Fatiha tous les matins. Et 7 h 45 - 8 h 15, cela doit être un peu tôt pour lui… Heureusement, on posa la question fatidique : "Zorro, c'est Petit Brun ?" "Zorro c'est moi", répondit-il aussitôt. Ouf, Petit Châtain était en pleine forme. Bien que son frère ait trouvé la veille la parade aux prétentions du blondinet aux yeux bleus "moi, z'ai les cheveux moirs comme Zorro". Quel dommage que Zorro n'ait pas de frère... Même Fatiha était fatiguée à l'avance du refrain psalmodié toute la semaine passée par Petit Châtain et n'osait même pas prononcer le mot qui commence par Z de peur de réamorcer la machine).
Des enfants qui ne chouinent pas pour s'habiller (pas de "Petit Brun en premier", auquel fait écho quasi simultanément un "Petit Châtain en premier", pas de "Nooon, pas la crème", pas de "Noooon, pas ce pull, il gratte", pas de placage sur la table à langer d'un Petit Châtain qui trouve que vraiment, 8 h 28, c'est l'heure parfaite pour jouer à cache-cache, ou demander à aller sur le pot une fois qu'il est entièrement habillé), un Petit Brun qui prend ses granules sans moufter, et le troisième miracle : on peut partir à 8 h 30, sans rien avoir oublié (la souris pour Petit Châtain chez Fatiha, puisque le doudou baveux, le doudou chéri, est interdit de séjour là-bas, et son sac bleu, plus un Popi ou un livre en plus, le sac de pique-nique de Petit Brun, son sac à dos – qui ne sert à rien sauf à mettre ses moufles et un sac de change qui a pas été utilisé une seule fois depuis le début de l'année – et l'inévitable Nounours, voire même le lapin blanc), avec tous les paquets harnachés sur le guidon de mon vélo.
Pas d'adieu déchirant chez Fatiha, avec qui j'ai même eu le temps de débriefer du déroulement du week-end et des progrès de Petit Châtain, un trajet tellement fluide jusqu'à l'école que j'ai cru m'être trompée de jour, mais non, on était bien lundi, et nous sommes arrivés bien avant l'ouverture des portes. Un matin presque parfait. Qui laisse le temps de faire un câlin baveux (et d'éprouver mon sens de l'équilibre) devant l'école, puis dans le couloir, puis dans la classe et re dans le couloir (un Petit Brun en larmes ayant resurgi en hurlant "Maaaaaaaaaamaaaaaaaaannnnn", me faisant limite passer pour une marâtre dans le couloir aux yeux des autres parents...).
Certes, j'ai eu au final le train de 9 h 08 (j'aime cette précision poétique de la SNCF. 9 h 08, parfois  9 h 10, jamais 9 h 06) , comme tous les matins. Mais sans cris, imprécations, vociférations de ma part, discussions, bouderies, pleurs et colères de leur part, quand on est encore de petit-déjeuner et que Bernard Guetta commence sa chronique (souvent anxiogène en raison de son thème mais plus encore parce que c'est le début de MA zone rouge) pour arriver en sueur à 8 h 50 chez Fatiha, poursuivie par deux petits garçons qui s'informent : "Maman, est-ce qu'on est à la bourre, là ?"
Pour un peu, je nous aurais attribué le prix de la famille Ricoré. En sachant très bien que je n'y aurais pas droit tous les matins...

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