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La petite maison dans la banlieue

Ciné à l'égyptienne

14 Juin 2012, 22:42pm

Publié par lapetitemaison

les-femmes-du-bus-678C'est devenu une habitude. En fonction des sorties, avec Noph et Laeti, mes copines de ciné, nous nous faisons une toile égyptienne, suivie généralement d'un dîner rapide. C'est ainsi que, ces dernières années, nous avons vu l'Immeuble Yacoubian et Femmes du Caire. Si vous ne les avez pas encore vus, notre trio vous les recommande chaudement. À l'ombre de la tour Montparnasse, nous avons échoué dans une brasserie ou par chance (surtout pour la fan de foot) le match Pays-Bas/Allemagne n'était pas encore terminé. Voir un film égyptien en VO à Paris demande une certaine réactivité et nous avions prévu notre coup depuis quelques temps, en se demandant, avec Noph si notre troisième larronne, tout juste sortie de la maternité, serait présente. Fallait-il l'attendre ou bien filer dans une salle obscure dès la sortie du film ? On opta pour la deuxième solution, et la jeune mère de famille nous a fait la surprise de se joindre à nous, légèrement déphasée de cette première sortie dans le "vrai" monde (hors de son quartier et du circuit bien connu maison-pharmacie-pédiatre-supermarché). Les pères aussi savent donner le biberon !
Attention, le cinéma égyptien contemporain, c'est brut de décoffrage : violences sociales et sexuelles au programme. Les femmes du bus 678 ne dérogent pas à la règle. Nelly, Seba et Fayza (de gauche à droite sur la photo, magnifiquement interprétées par Nahed El Sebaï, Nelly Karim et Bushra Rozza) ont des vies bien différentes. Mais toutes ont été confrontées au harcèlement sexuel, fléau de la vie quotidienne des femmes au Caire. Le réalisateur (qui fut autrefois banquier, comme le fiancé de Nelly dans le film, qui fait du stand up par passion en se résignant à être banquier), Mohamed Diab, s'est inspiré du premier procès intenté en Egypte pour harcèlement sexuel (qui n'est devenu un délit qu'en... 2010). Personne ne veut entendre ces femmes : ni la famille de Nelly (dont la mère a pourtant assisté à l'agression du haut de son balcon et est venue à son secours), ni la famille de son fiancé, par peur du qu'en-dira-t-on. Ni le mari de Seba, dont l'honneur lui semble entaché par l'agression subie par sa femme au retour d'un match de foot. Fayza, elle, qui vit dans un quartier populaire, subit au quotidien ces agressions dans le bus 678, même en tentant se rendre la plus repoussante possible sur le plan vestimentaire, superposant les vêtements pour masquer ses formes. La honte l'empêche d'en parler à quiconque. Et surtout pas à son mari. Leurs chemins se croisent dans le théâtre où Nelly se lance comme humoriste, où Seba donne des cours de self defense à... Fayza.
Les hommes egyptiens ne sortent pas grandis de ce film, hormis le fiancé de Nelly et l'inspecteur qui mène l'enquête sur les incidents qui émaillent le trajet du bus 678. Ce film aurait-il eu autant de poids s'il avait été réalisé par une femme ? Une chose est sûre : le trajet retour en métro n'a pas eu le même effet du traintrain quotidien…

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